[INTERVIEW] Papier et numérique, le livre transmédia est porteur de sens !

Rencontre avec Sabrina Grimaldi, Présidente de Publishroom (plateforme communautaire d’autoédition)

Quel constat vous a amené à créer Publishroom ?

Sabrina Grimaldi : Publishroom a été créée sur un constat : l’édition traditionnelle ne joue plus son rôle de découvreur et de passeur, et rejette trop facilement l’auteur inconnu ou qui n’entre pas dans les cases rigides de l’édition et de la chaîne du livre.

Pour notre offre aux entreprises, nous sommes partis du constat que le livre d’entreprise est un outil de commercialisation et de communication historique. Son utilisation revient en force dans les institutions privées comme publiques. Le livre d’entreprise permet de valoriser le patrimoine économique ou culturel. Il vous permet de bénéficier d’une représentation concrète, personnalisée, qualitative et valorisante. Le livre d’entreprise n’est pas une nouveauté mais il s’adapte désormais aux besoins du numérique et de l’internationalisation.

O.C. : En quoi le papier et le numérique se complètent-ils ?

S.G. : Le livre a naturellement un rôle important dans le transmedia storytelling, et le livre numérique joue un rôle plus important encore. En effet, parler du livre numérique dans la narration transmedia a tout son sens, car il peut apporter ce que le livre papier classique, pour l’instant, ne peut pas traiter : l’interactivité des médias. Cette complémentarité prend tout son sens pour un livre papier dont certains chapitres sont intemporels comme un rappel historique ou des bases juridiques. Le lecteur peut être renvoyé vers des pages sur le net qui complètent ces informations avec des mises à jour régulières. Une autre complémentarité consiste à présenter un visuel en lien avec une vidéo en ligne qui pourra être modifiée ou remplacée sans qu’il faille pour cela changer le support papier.

O.C : Qu’en est-il du papier connecté ?

SC. : Le papier connecté est un plus pour une édition papier qui permet de l’enrichir en ajoutant des éléments que l’on ne peut y insérer faute de place. Par exemple, il devient possible d’associer d’autres supports au service de l’information comme des vidéos ou des sons. Il permet d’actualiser le support papier en donnant de l’information en temps réel. Le livre devient un objet dynamique grâce au papier connecté qui donne la possibilité de raconter différemment, c’est-à-dire de créer, une narration originale qui offre une nouvelle expérience de lecture en conservant les atouts du papier et la matérialité de l’objet livre.

Le livre est considéré comme un outil marketing et en mariant papier et numérique, nous en améliorons encore les performances. Il donne un accès aux réseaux sociaux avec du contenu partageable en faveur de plus de sociabilité et de pédagogie. Ces vecteurs de « viralité » contribuent à induire un esprit d’appartenance au sein d’une communauté en lien avec la publication. Quant aux vidéos, elles inscrivent le lecteur dans une expérience partagée impliquant des témoignages (client/collaborateur/ partenaire). Cette dynamique partagée participe, elle aussi, au référencement naturel de la marque, de son site et de son activité sur le net par le relais des librairies online. Cette interaction entre le physique et le numérique permet à la marque d’aller plus loin que son cœur de cible traditionnel et l’aide à identifier les influenceurs. Le papier connecté génère des retours presse supplémentaires et augmente le potentiel de recommandation par les clients ou les partenaires en favorisant les témoignages. De plus, un livre connecté en touchant un nouveau lectorat essentiellement numérique, augmente le buzz autour des relayeurs (bloggeurs/affiliés/réseaux sociaux) et la traîne des suiveurs (fans/followers/groupes d’intérêt). Enfin il crée du sens autour d’un produit ou d’une marque.

OC. : Quelles évolutions le papier connecté apporte-t-il à la publication d’ouvrage ?

S.G. Il ne faut pas oublier qu’un livre est avant tout une rencontre entre un auteur, qu’il soit une personne, une entreprise ou une institution, et un lecteur. Nous sommes des intermédiaires au service de cette histoire que nous soyons éditeurs, imprimeurs ou libraires. Le big data a envahi l’univers du livre papier ou numérique. Des géants du net ont mis en place des banques de données couplées à des algorithmes qui analysent nos habitudes de lecture pour en extraire des suggestions qui nous facilitent la vie autant qu’elles risquent de nous faire passer à côté d’un ouvrage inattendu et inconnu que nous aurions pu apprécier. Ainsi, le big data influence nos choix de lecture et a le pouvoir de promouvoir des collections prédéfinies à l’avance. Ces données ne pénètrent pas – encore – les librairies classiques dont les habitué(e)s attendent des conseils personnalisés voire des suggestions hors des « sentiers battus ». Mais les libraires sont soumis aussi à des impératifs de chef d’entreprise. Ils ne peuvent connaître l’ensemble des titres et des références, et « poussent » par conséquent les meilleurs ventes potentielles au détriment de nouveaux titres. Il ne s’agit pas de leur jeter la pierre mais de créer une demande complémentaire  en permettant aux lecteurs de découvrir plus de titres et de remonter leur impression. Cette variété de titres permet l’émergence de nouveaux auteurs et d’ouvrages qui ne sont pas « portés » par les grands éditeurs et les géants du net.

Faciliter l’édition d’un livre passe par son impression ciblée et sa capacité de pénétrer l’écosystème du net. Imprimer en moins d’exemplaires un livre permet à son auteur d’augmenter le nombre de titres à venir grâce à une plus large audience et un meilleur ROI.

OC. : Quels sont les atouts qui font la différence de votre solution ?

S.G. : Nous accompagnons les entreprises de bout en bout, depuis la conception du livre à la promotion, en passant par la rédaction, le rewriting, la structuration de contenu, la fabrication, la diffusion en librairie. De la page blanche jusqu’à la diffusion, nous mettons nos expertises au service de nos clients afin qu’ils soient assurés que leur ouvrage transmettra leur histoire à un lectorat large et impliqué. Nous leur mettons à disposition le meilleur du papier connecté.

O.C. Quel est votre point de vue sur les actions menées par l’Observatoire COM MEDIA ?

Notre adhésion à l’Observatoire COM MEDIA s’est accompagnée d’actions très concrètes. Nous avons participé à plusieurs évènements dont l’un consacré aux évolutions en matière de réalisation de livres. Nous sommes intégrés au groupe de travail et aux réflexions stratégiques sur le livre connecté. Enfin, l’Observatoire COM MEDIA a facilité une rencontre avec l’UGAP (Union des groupements d’achats publics) qui nous a permis de déposer un dossier en vue d’un prochain référencement. Cette initiative nous permettra de répondre aux besoins de clients potentiels du secteur public sans passer par des appels d’offres auxquels nous ne pouvions répondre.

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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