La transformation des industriels de la filière de la communication en France

Bernard Kuhnast est président de la Couronne, premier industriel français de l’enveloppe et adhérent historique de l’Observatoire COM MEDIA. Il partage son analyse sur les transformations des industriels de la filière de la communication.

Comme pour un opéra et ses machinistes l’écosystème de la communication ne serait pas ce qu’il est sans ses industriels. Tandis que la transformation numérique bouscule toute la filière, les industriels de la communication jouent un rôle clé en matière d’innovation qui n’est pas assez reconnu.

L’industrie, un poids lourd de la filière de la communication

La filière de la communication est divisée en quatre macro-secteurs : les industriels, les médias, les agences et les professionnels de l’événementiel. Parmi les activités très diverses des industriels, on compte notamment le papier, l’impression, l’enveloppe, le routage, les machines de mise sous pli ou d’affranchissement et bien d’autres encore. Ils représentent ainsi près de 18,5 milliards € soit près de la moitié du chiffre d’affaires réalisé par l’ensemble des acteurs de la filière de la communication et emploie 4,6 millions personnes soit près de la moitié des effectifs totaux. Il est par conséquent primordial pour l’ensemble de la filière que les industriels s’adaptent aux nouvelles technologies et répondent aux attentes de leurs clients.

S’adapter aux nouvelles pratiques en matière de communication

Avec l’apparition du numérique, les campagnes de communication sont devenues plus nombreuses, courtes et mieux ciblées. Ainsi, la collecte des datas et leur analyse permettent de personnaliser les messages aux attentes d’un marketing toujours plus segmenté. Cependant, la multiplication des supports dématérialisés n’a pas sonné le glas du papier et les industriels sont de plus en plus nombreux à diversifier leur activité. C’est pourquoi, ils investissent dans des machines connectées, et forment leurs collaborateurs aux nouvelles pratiques. Le matériel ne suffit pas, il faut également adapter les méthodes de travail. Pour gagner en agilité et réduire les coûts, les industriels intègrent des programmes usines du futur, le lean manufacturing, les méthodologies SMED1 qui facilitent le changement rapide de leurs outils de production permettant de traiter ainsi des séries plus courtes en réponse aux annonceurs et ce de manière économique.

Combattre les idées reçues pour attirer les nouveaux talents

L’industrie française n’a pas à rougir en matière d’innovation mais force est de constater que son image, en particulier auprès des plus jeunes, n’est pas des plus attractives. Il est vrai aussi que seuls 10 à 15% des industriels sont vraiment innovants et proposent des offres disruptives. Ces industriels pionniers ont alors besoin de recruter beaucoup de profils techniques tels que des ingénieurs et des développeurs. Malheureusement, les candidats se font rares, beaucoup étant déjà « préemptés » par des filières technologiques comme le domaine de la data.

Mais au-delà de cas emblématiques, il faut rappeler qu’il n’y a pas un industriel qui n’ait pas fait évoluer radicalement ses processus internes pour répondre aux bouleversements du marché de la communication. Cette agilité nouvelle, si elle n’est pas médiatisée, est omniprésente dans les entreprises de notre secteur. Bien entendu la numérisation gagne les entreprises mais plus généralement tous nos métiers ont radicalement changé ces 5 ou 10 dernières années.

Pour toutes ces raisons, les industriels de la filière de la communication doivent aller présenter cette forte capacité à évoluer aux étudiants mais aussi se rendre dans les écoles et les centres de formation pour parler métiers, technologies, projets et intégrer des apprentis. Enfin, les industriels doivent encourager une collaboration plus ouverte et en amont avec les autres professionnels de la filière. Ensemble, ils pourront concevoir des solutions qui répondent aux attentes des annonceurs voire même les anticiper.

Partie intégrante de l’ensemble de la chaîne de la valeur de la communication, les industriels de la filière de la communication associent déjà le meilleur de leurs savoir-faire avec les nombreuses possibilités offertes par le numérique. Le secteur de l’industrie n’est qu’aux prémices d’une période qui le verra se transformer profondément. A lui de savoir passer le flambeau aux générations futures.

L’article est paru dans Les Echos Le Cercle

  1. SMED est l’abréviation de l’anglais single-minute exchange of die(s), littéralement « changement de matrice(s) en une seule minute ». Cette méthode a pour objet de réduire le temps d’un changement de série et de permettre ainsi de réduire la taille de lot minimale.

 

Bernard Kuhnast
Président de La Couronne

Après un parcours commercial (Diplômé de l’Institut Commercial de Nancy) puis managérial dans l’industrie de l’emballage (en France et à l’étranger) dirige La Couronne depuis 2006, premier industriel français de l’enveloppe

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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