François Perret est Directeur général de Pacte PME et ambassadeur à l’intéressement et la participation auprès du gouvernement. Il interviendra le 1er avril au MEDEF lors de la matinée « Tremplin #2, une vision complète de la nouvelle économie de la communication ».
François Perret, PACTE PME fête ses 10 ans cette année, quel bilan tirez-vous et quelles sont les perspectives ?
En une décennie, les relations entre les entreprises ont significativement évolué, mais il est vrai que nous partions de loin avec des Grands groupes qui n’avaient pas l’habitude de travailler avec les PME existantes et encore moins avec les start-ups. Aujourd’hui, l’accélération des cycles technologiques a encouragé les grandes entreprises et les ETI à intégrer davantage les petites entreprises dans leur modèle de croissance économique. On parle désormais d’innovation ouverte et de codéveloppement voire de co-exportation, même si cette dernière démarche n’est pas suffisamment généralisée encore.
Malgré les progrès dans les relations inter-entreprises, les sujets de préoccupation et les travaux à mener ne manquent pas. Je pense notamment aux retards de paiement qui fragilisent encore trop d’entreprises et détruisent des emplois ou encore l’innovation ouverte qui nécessite de faciliter les échanges et de simplifier l’accès des petites structures innovantes aux grands comptes, avec toute la difficulté que cela représente encore pour une TPE-PME de faire respecter ses droits (propriété intellectuelle, contractualisation, paiement…). Pacte PME s’est déjà attelé à cette tâche au moyen de nouveaux instruments : des plateformes digitales (Pacte compétences, Pacte innovation, Pacte international), un Observatoire qui interroge chaque année plus de 20 000 fournisseurs sur leur perception de la qualité de leur relation avec les grands donneurs d’ordres, mais aussi des programmes d’accélération des PME avec l’appui des grandes entreprises.
A l’avenir, il faut espérer que les liens se resserreront entre les petites et les grandes entreprises. L’émergence de nouvelles ETI, qui renforceront le tissu économique français notamment à l’export, est à ce prix. Je pense qu’il existe en France un « réservoir » d’environ 25 000 PME capables de devenir des ETI et par conséquent des acteurs pivot entre les très grands groupes et la myriade de jeunes pousses innovantes qui n’a pas fini d’évoluer. Cette catégorie d’entreprise est particulièrement stratégique dans une économie mondialisée car beaucoup d’ETI conservent l’agilité des petites structures et bénéficient de la « force de frappe » d’une structure de taille moyenne.
Vous êtes également ambassadeur à l’intéressement et la participation auprès des ministres Bruno Le Maire et Muriel Pénicaud. Vous interviendrez sur cette thématique le 1er avril prochain
L’épargne salariale représente un moyen sans équivalent pour une PME de gagner en attractivité et de fidéliser les salariés, avec l’avantage de les mobiliser et de les motiver en les associant financièrement aux résultats de l’entreprise. C’est finalement un instrument efficace pour améliorer la compétitivité de l’entreprise par la mise en place d’un cercle vertueux croissance/redistribution/croissance et emploi. Pour leur part, les salariés trouveront, dans l’épargne salariale, un moyen d’augmenter leur pouvoir d’achat et/ou de se constituer une épargne disponible à moyen ou long terme, susceptible de les aider à préparer leur avenir.
L’épargne salariale repose sur deux outils clés qui remonte à la « troisième voie » ouverte par le général de Gaulle au début de la cinquième république : la participation permet de redistribuer aux salariés une partie des bénéfices réalisés par leur entreprise ; quant à l’intéressement, il est un outil de management plus global visant à associer les salariés d’une entreprise à sa réussite. Il peut ainsi récompenser les collaborateurs en cas de résultats atteints dans plusieurs domaines clés : la politique sociale, la performance commerciale et même la politique environnementale. La loi relative à la croissance et la transformation des entreprises (dite loi « PACTE » du 22 mai 2019) a simplifié les modalités de mise en place de ces dispositifs notamment pour les entreprises de moins de 250 salariés en supprimant le « forfait social » à l’occasion du versement d’une prime d’intéressement.
L’intéressement et la participation ont pour vocation de jouer un rôle clé en faveur d’un modèle de croissance des entreprises qui soit plus inclusif. Le généraliser est bon pour l’économie, pour les entreprises et pour les salariés, c’est pourquoi les associations et les organismes professionnelles doivent porter ce message et « évangéliser » leurs adhérents.
En savoir plus sur ce lien : https://travail-emploi.gouv.fr/droit-du-travail/l-epargne-salariale/