Le bien-être au travail, plus qu’une bonne résolution est un véritable enjeu économique

Travail et bien-être font très bon ménage si des actions sont mises en place pour les corréler. Une culture d’entreprise qui pérennise la mise en œuvre des bons principes au-delà des seuls individus. La technologie qui complète les méthodes managériales et facilite la mise en œuvre de solutions innovantes au bénéfice du plus grand nombre. Enfin, le meilleur partage des retours d’expérience et des fruits de la croissance de l’entreprise, qui renforce la cohésion des équipes. Angelika Mleczko, Chief Happiness Officer, nous fait part de son expérience sur cette notion de bien-être au travail, encore méconnue des entreprises et sur les contours de sa fonction de CHO.

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Le bien-être, c’est aussi coexister pas seulement exister

Si le bien-être au travail consiste avant toute chose à retrouver du sens, il doit pouvoir aussi permettre de travailler en co-construction au sein d’un collectif portant une réflexion partagée entre la direction et les collaborateurs et pas seulement une décision de la direction exécutée par des subordonnés. Chacun au sein d’un groupe, d’une communauté et à fortiori d’une entreprise doit pouvoir se sentir responsable et contribuer à cette œuvre collective, qui consiste à apporter aux autres et à soi-même les conditions nécessaires au bien-être.  Les jeunes générations tout particulièrement sont habituées à travailler en « co » : colocation ou covoiturage…

Naturellement, les plus jeunes savent travailler ensemble et mettre en commun leurs idées, qui donneront naissance à un projet. Lorsqu’un projet est lancé, la notion du plaisir est trop souvent oubliée : plaisir à ce que l’on fait, à venir à son travail, à voir ses collègues… Chacun d’entre nous, pour trouver son équilibre, doit s’identifier à un collectif, à un groupe ou une communauté reposant sur un socle de valeurs communes. Le bien-être, c’est aussi ressentir qu’au-delà de notre diversité, nous parvenons à partager une vision et nous investir dans des projets qui rassemblent et c’est pourquoi le management joue un rôle primordial et difficile, car il doit assumer d’être maître à bord, sans oublier de tenir compte des besoins de chacun des membres de l’équipe.

La technologie pour mieux relier les collaborateurs avant tout

A l’heure de la transformation numérique, nous avons tendance aujourd’hui à fonctionner dans l’instantanéité. Connectés via nos réseaux, branchés sur nos smartphones, nous sommes habitués à tout savoir et tout obtenir de suite. Or, l’homme suit un rythme biologique, et a besoin de temps de pause afin de pouvoir se concentrer plusieurs heures par jour et donner le meilleur de lui-même. Par contre, grâce à la technologie, nous pouvons concilier efficacité opérationnelle et confort de travail en favorisant le télétravail ou l’aménagement d’espaces de coworking, qui répondent en partie à ces enjeux.  Il existe de plus en plus de plateformes proposant aux managers d’être en contact avec les collaborateurs d’une façon qui soit suivie et efficace. Partage de documents, enquêtes internes, récompense des contributeurs au fond de documentation, organisation de réunions récréatives pendant ou après les heures de travail, les solutions rendues possibles par le digital ne manquent pas.

Ainsi, l’exemple des intelligences artificielles est caractéristique des possibilités offertes par la technologie, mais aussi la nécessité de renforcer le « liant » entre collaborateurs, en y rajoutant une dose toujours plus forte de relations humaines. Cet équilibre est à trouver et à préserver. Chaque collaborateur est avant tout un être humain avec ses sentiments et ses émotions, dont les comportements sont influencés par des traditions, une éducation, un conditionnement, alors qu’un robot aura toujours un comportement linéaire.

Le bien-être, un argument supplémentaire des entreprises en recherche de nouveaux talents

Dans cette recherche de l’équilibre au travail entre bien-être et productivité, il est nécessaire de ne jamais rien imposer, mais de proposer au préalable, afin de trouver le maximum de solutions satisfaisantes. Une fois l’écoute des collaborateurs devenue une habitude, leur bien-être devient logique et naturel.  Trop souvent encore, on constate des aberrations comme des aménagements d’espaces de travail où les couleurs et le mobilier sont imposés, sans aucune concertation avec le personnel.  Or, sans cette concertation, l’individu se sent exclu et non investi dans la vie de son entreprise et par conséquent s’y investit moins et lui est moins fidèle.

Le risque de cette désaffection devient un enjeu économique pour les entreprises alors qu’elles sont toujours plus nombreuses à se livrer une véritable guerre des talents. Les écosystèmes où la main d’œuvre manque, comme c’est le cas depuis la reprise économique en 2008, obligent les managers à gérer les talents et analyser leurs compétences pour les recruter, mais aussi les garder car le salarié heureux est celui qui se sentira bien encadré car bien formé, et bien informé.

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Enfin, si l’argent ne fait pas le bonheur, le bien-être au travail passe aussi par un meilleur partage entre les salariés des bénéfices de l’entreprise et une interrogation dépassionnée, pragmatique et raisonnée sur ce qui fait une entreprise. Son équipe dirigeante, ses actionnaires, ses employés ? Des entreprises l’ont bien compris en favorisant un actionnariat interne, transformant le salarié en un contributeur intéressé par les résultats de l’entreprise

Le bien-être en entreprise, un enjeu économique dans un monde concurrentiel

Pour les TPE, PME et les grands groupes, l’enjeu consiste à sortir de la simple posture et à monter une image positive et bienveillante aux collaborateurs mais aussi aux cotraitants, fournisseurs et enfin aux clients. Une étude d’Harvard menée durant 75 ans sur près de 1000 personnes a démontré qu’au-delà de leurs parcours personnels et professionnels hétérogènes, celles qui étaient restées en bonne santé avaient conservé un réseau actif, ouvert et bienveillant. Il en est de même pour une entreprise qui doit veiller à instaurer la confiance au sein de ses équipes comme vis-à-vis de ses contacts extérieurs. Constance, écoute, sens du compromis, respect de la parole donnée font partie de l’ADN vertueux condition nécessaire d’un bien-être général.

Solutions technologiques, besoin de retrouver un sens à son travail, risque d’isolement, nécessité d’instaurer une convivialité entre collègues, la prise de conscience que le bonheur au travail n’est pas un simple enjeu de santé, mais aussi le garant d’efficacité pour les entreprises fait que certaines d’entre-elles s’intéressent à la fonction de CHO (Chief Happiness Officer).

En quoi consiste le CHO ? Un simple garant du bonheur ?

Concrètement, Silicon Valley et le digital en ont été le terreau fertile. A l’origine, le concept a été créé par Chade-Meng Tan, un ingénieur américain, 107e salarié embauché par Google qui a changé de métier pour se concentrer sur le développement des personnes et leur bien-être. Il invente donc la fonction de « Jolly Good Fellow » (super bon camarade) et devient le premier M. Bonheur (aujourd’hui milliardaire et enseignant la méditation).

Un CHO doit être avant tout un fédérateur et un médiateur capable de désamorcer les conflits naissants, de favoriser la communication interne pour que personne ne se sente exclue et de donner l’envie à chacun de contribuer au développement de l’entreprise. Le rôle du CHO est de contribuer à ce que chacun devienne un acteur du bien-être, un ambassadeur de cette philosophie qui dépasse le simple phénomène de mode. Nous ne restons plus quarante ans dans la même société et sommes amenés par conséquent à changer régulièrement de société, de filière voire de carrière, c’est pourquoi il est important de pouvoir se découvrir soi-même pour évoluer tout au long de sa vie professionnelle. Le CHO doit permettre à chaque collaborateur de vivre sa propre aventure humaine et lui permettre de se demander quelle empreinte, il a envie de laisser derrière lui.

L’écosystème connecté et interactif dans lequel nous sommes plongés, explique aussi la montée en puissance des CHO. Une étude de la Fabrique Spinoza a identifié quatre profils de CHO : communication, DRH, événementiel et management qui est encore peu occupé mais qui aura bientôt un rôle grandissant. De nombreuses sociétés ont emboité le pas, même si au départ ce sont plutôt les start-ups, qui ont saisi les premières les enjeux et créé ces bulles de bien-être leur permettant d’attirer les nouveaux talents.

Un CHO a déjà une prédisposition naturelle à l’écoute et au partage. Il doit être très curieux et dans un apprentissage continu. En règle générale, ils ont de trente à quarante ans, déjà un vécu et entamé un travail sur eux. Ils sont dans l’empathie et à l’écoute des autres de manière innée. On peut apprendre ce métier et se perfectionner mais il sera plus facile de l’exercer si l’on dispose des qualités, qui font qu’on est un être inspirant, optimiste et doué pour partager son énergie. Les formations existent et tout un écosystème est en train de se créer autour des enjeux de ce métier où se partagent les bonnes pratiques.

Le CHO n’est pas cantonné à organiser des parties de baby-foot ou des déjeuners entre collègues mais il intervient dans l’organisation des équipes et l’optimisation des horaires, dans la prévention des conflits et il est également le garant aussi de la déconnection du travail, une approche différente que celle qui consiste à fournir toutes les commodités sur le lieu de travail pour que le collaborateur soit présent de 7h à 22h…

A présent, le CHO est outillé par le collectif de la HappyTech, qui lui donne accès à une boîte à outils de solutions digitales et services bien-être : support sous forme d’apps et d’ateliers collectifs, lors d’un parcours en entreprise.

Le bien-être porté par une entreprise n’est pas entièrement une démarche altruiste car elle a vocation d’améliorer l’efficacité des équipes et la productivité sur des marchés très concurrentiels pour investir, se développer, gagner des nouvelles parts de marché.

Ce métier est tout juste émergeant en France, il y aurait environ 150 CHO, et de plus en plus de dirigeants souhaitent créer ce poste au sein de leur entreprise pour bénéficier d’une autre vision de la collaboration en entreprise, qui ne soit plus cantonnée au binôme vertical qui relie le donneur d’ordres à l’exécutant. Enfin, le dernier enjeu réside aussi dans la capacité des écoles de donner l’envie aux jeunes d’approfondir durant leurs études ces sujets et de commencer à se former.

Le bien-être au travail porté par des CHO compétents et bien formés, est appelé très rapidement à devenir un pilier de la QVT & de la RSE, au sein des entreprises et un argument indispensable pour attirer les meilleurs profils mais aussi affronter une concurrence de plus en plus exacerbée et internationale. La France a tout à gagner d’être à la pointe de cette problématique et d’en porter pleinement les enjeux.

Angelika Mleczko est consultante CHO en entreprise, pour répondre aux besoins spécifiques de la Direction / DRH pour installer une Politique Bien-être. Accompagnement des entreprises dans leurs transformations, pour créer du lien, prendre soin des collaborateurs et l’équipe du management. Porte Parole de la HappyTech. Intervenante sur la Qualité de Vie au Travail et Bien-être au Travail. Conférencière sur le métier de CHO. Développeur réseau dans le Bien-être au Travail. Ambassadrice d’événements (We Build à la table ronde Happiness « Concilier le Bien-être et la Performance : une réalité !)

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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