La data innovante et performante au service de la croissance

thierry millonLa France est une nation prospère avec une grande histoire industrielle, des ressources agricoles importantes, des infrastructures de classe mondiale et une main-d’œuvre hautement qualifiée. Pourtant, l’économie française peine à accélérer. La croissance est restée poussive en 2016 à 1,1% comme en 2015 et pourrait ne pas être meilleure en 2017 selon nos économistes Dun & Bradstreet.

Sur la période long terme 2016-2025, le taux de croissance prévisionnel est attendu à peine plus dynamique estimé entre 1,5 à 2,1%. Réduire les rigidités structurelles sur le marché du travail, rétablir la santé des finances publiques et réformer le système éducatif sera donc crucial pour maintenir ou dépasser le rythme de croissance économique enregistré en 2005-2015 (en moyenne 0,9% par an). La France doit également faire face à des coûts de main-d’œuvre élevés : selon Eurostat, le coût unitaire du travail du pays est le deuxième plus élevé de l’UE (après la Belgique) ; Depuis 2000, les coûts unitaires de main-d’œuvre ont augmenté d’environ 20% par rapport à l’Allemagne, ce qui a entraîné une perte de compétitivité.

Par ailleurs, comme d’autres pays d’Europe occidentale, la France est confrontée à un vieillissement de sa population. Selon les projections démographiques des Nations Unies, le taux de dépendance (proportion de personnes âgées de moins de 15 ans et de plus de 64 ans par rapport à celles âgées de 15 à 64 ans) passera de 54% en 2010 à 62% d’ici 2020 et de 74% d’ici 2050. Cela exercera une pression sur les dépenses publiques (soins de santé et pensions).

Les défis sont donc encore nombreux pour la deuxième économie de la zone euro (en termes de PIB et de population) mais les raisons de rester optimistes demeurent, notamment sur le plan des échanges internationaux. Selon le rapport Doing Business 2016 de la Banque mondiale, la France est classée 1 sur 189 pays (ainsi que de nombreux autres pays de l’UE) en termes de facilité de négociation transfrontalière, ne prenant qu’une heure pour importer et exporter (par rapport à l’OCDE Moyenne de 29 heures et 41 heures, respectivement). L’environnement commercial de la France est structurellement robuste, soutenu par des droits de propriété sécurisés, un système juridique efficace et de très faibles niveaux de corruption. Son appartenance à l’euro, des infrastructures sophistiquées et une main-d’œuvre qualifiée ont soutenu son développement, aidé par la proximité et les liens avec l’Europe occidentale et la région du Maghreb avec laquelle la France a des liens historiques étroits.

Comme une illustration d’un optimisme raisonnable retrouvé, 2016 a reconstruit des fondations de business plus solides que masque encore la modeste stabilité de croissance. Ainsi, l’investissement des entreprises françaises a redémarré fortement en début d’année avant de trainer les pieds à mi-parcours. Certes, les conditions de financement ont favorisé ce redémarrage mais la confiance retrouvée par la meilleure orientation de la demande a permis de franchir le pas. En effet, si le business est déterminant dans la décision d’investissement, c’est la confiance qui emporte la décision. Autre moteur essentiel de la croissance, la consommation des ménages a été dynamique mais également l’investissement des ménages grâce à l’amélioration sur le marché immobilier.

Ces facteurs ont impacté favorablement la santé des entreprises et 2016 a mis fin à huit années de «sur-sinistralité » des entreprises. Depuis avril 2009, le nombre de défaillances d’entreprises en données annualisées restait bloqué au seuil des 60 000. Un record avait même été établi en février 2014 à 64 500 jugements d’ouverture. 2015 s’achevait encore sur plus de 63 000 procédures. Changement de cap en 2016 ! Après un bel été, l’automne permettait enfin, après un long tunnel de sept années d’une crise extrêmement sévère, de terminer l’année sous les 60 000 procédures. Le grand artisan et révélateur de cette amélioration est sans conteste le bâtiment. Ce secteur concentre à lui seul le quart des procédures collectives dont l’essentiel sont des TPE et microentreprises. L’embellie du secteur a, de fait, rapidement fait reculer les statistiques de défaillances en global mais plus significativement encore chez les TPE qui n’avaient pu jusque-là emboiter le pas de la reprise. Or, quand le bâtiment va mieux, c’est l’horizon de nombreuses activités économiques qui se dégagent dans son sillage. C’est notamment le cas de la branche communication, plus modestement que celle du bâtiment, qui termine l’année aux environs de 1 100 procédures loin des 1 300 enregistrées en moyenne sur la période 2011 – 2013. La vigueur retrouvée dont témoigne ces chiffres confirme que l’activité des entreprises a repris des couleurs. Si celle-ci doit permettre à terme de stimuler plus fortement la création d’emplois, le reflux des défaillances offre une meilleure pérennité des emplois, et par voie de conséquence, une baisse des impayés de salaires. Dans son bulletin trimestriel d’octobre, l’Association pour la gestion du régime de Garantie des créances des Salariés (AGS) constate en effet une baisse marquée des avances sur douze mois (à fin septembre de 14,6% à 1,816 milliard €).

Autre indicateur microentreprises confirmant la réalité d’un regain d’activité plus sensible que ne le suggère la stabilité du taux de croissance, celui des comportements de paiement des entreprises. Si les retards de paiement des clients et donneurs d’ordre restent encore trop fréquents, la situation s’améliore. Certes, plus de six entreprises sur dix règlent encore ses factures en retard, mais ce retard repasse sous le délai moyen de 12 jours, soit la valeur calculée en début 2014 avant que les paiements interentreprises ne dérapent fortement en 2015. En effet, les retards de paiement avaient augmenté de près de 2 jours en seulement un an pour approcher 14 jours en été 2015. Ce délai non consenti qui s’ajoute à celui contractuellement accepté est souvent insurmontable pour de petites entreprises et serait responsable du quart des défaillances d’entreprises. Chaque jour de retard de règlement c’est un milliard qui manque dans les caisses des PME. Sur la deuxième semestre 2016, la plupart des activités s’inscrit favorablement mais des écarts sensibles demeurent variant d’environ 8 jours dans le bâtiment à 17 jours dans la restauration. Au sein même de la branche communication, cette amplitude de comportement est également observée entre l’imprimerie (8 jours) et l’activité de foires-congrès-salons (17 jours).

2016 met donc 2017 sur de bons rails et la France dispose d’atouts indéniables pour relever tous les défis à commencer par celui des nouvelles technologies et des innovations qu’elle permet. L’ensemble des secteurs est sensible à la question du digital et de la data sans toujours réussir à comprendre par quel bout prendre le sujet. C’est pourtant la clé ! Plus que jamais la Data est au centre des préoccupations des entreprises. Les acteurs de la branche communication sont au cœur de cette révolution qui se gagnera par la data innovante et performante.

Thierry Millon – Directeur des études Altares

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L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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