IT en entreprise : Pourquoi et comment réduire sa consommation énergétique

L’écosystème des adhérents à l’Observatoire COM MEDIA comporte une majorité d’entreprises en phase pleinement numériques  ou en phase de transformation numérique et des start-ups proposant des solutions dématérialisées et disruptives. Toutes sont des grosses utilisatrices de matériel IT et peuvent apporter leur contribution en faveur de l’environnement. Bérengère Guerrini, directrice de la communication chez Newmanity1 s’exprime sur les enjeux et les premières pistes à suivre pour une utilisation du numérique d’avantage écoresponsable.

Le numérique et l’environnement, un impact qui n’est pas virtuel mais bien réel

Chaque année dans le monde près de 60 millions de tonnes de déchets électriques et électroniques sont rejetées. Ils contiennent de nombreuses substances toxiques (ammoniac, protoxyde d’azote, chlores, acides, etc…). En France, en moyenne, le numérique représente 21% des consommations totales d’une entreprise, tous secteurs confondus2.

L’explosion des flux numériques apporte aux entreprises d’avantage de rapidité dans les échanges,  une plus grande fluidité des connexions qui ne cessent de se multiplier. Ainsi en 2016, c’est 215 Mds d’emails qui étaient envoyés chaque jour dans le monde, (hors spams qui représente 70 à 80% du total !). Ce chiffre pourrait atteindre 258 Mds par jour3 aussi l’augmentation des flux numériques implique que nous prenions la mesure de son impact sur l’environnement et que nous adoptions dès à présent les bonnes pratiques.

Bénéficiant des facilités qu’entraîne le numérique, nous en avons complétement oublié qu’il est en partie bien physique et qu’il génère une pollution aux conséquences réelles sur l’environnement. Nous faisons appel à des serveurs dans des data centers, des ordinateurs, des réseaux de câblage gigantesques qui ont tous un impact qui est loin d’être négligeable. Les conséquences de l’industrie du numérique sur la planète sont de deux ordres.

Le premier concerne les ressources naturelles et leur épuisement. Pour fabriquer et renouveler, souvent fréquemment,  tous nos matériels liés au numérique, nous puisons dans des ressources qui ne sont pas illimitées ainsi fabriquer un ordinateur nécessite en moyenne l’équivalent de 100 fois son poids en matières premières. Une partie d’entre elles sont rares et engendrent une pollution à la fois locale durant leur extraction et globale durant leur transport alourdissant le bilan carbone. C’est sans compter les volumes de déchets qui sont rejetés dans la nature faute de circuits de recyclage suffisamment nombreux et efficaces.

Le second réside dans la consommation énergétique de l’ensemble des équipements en lien le numérique. Essentiellement électrique, elle est aussi génératrice de CO2 (Le numérique représentait 2% des émissions mondiales de CO2 en 2015 soit autant que le trafic aérien4). Ainsi, les data centers à eux seuls jouent un rôle majeur. A la fois lieu de transit et de stockage des données, ils représentent 4 % de la consommation énergétique mondiale en fonctionnant 7 jours sur 7 et 365 jours par an, selon les estimations du Réseau de Transport Electrique.

En France, nous ne sommes pas sensibilisés sur toutes les causes de cette pollution. La plupart des entreprises sont informées des labels « basse consommation » mais ignorent tout des conditions de fabrication des équipements. Les sociétés fournissant des équipements numériques écoresponsables demeurent fort rares. Parmi celles-ci, on peut citer Fairphone qui est une entreprise néerlandaise créatrice de smartphones dont la conception et la production ont été pensées pour intégrer des contraintes environnementales et de commerce équitable.

Les actions concrètes à mener au sein des entreprises

Les entreprises en France, nation innovante majeure, sont de grandes consommatrices de solutions numériques et par conséquent consomment beaucoup d’énergie et de ressources. Il est du ressort de chacune d’entre elles de contribuer à une limitation de l’impact du numérique. Les actions concrètes à mettre en œuvre tournent autour des équipements, des choix de solutions IT et des pratiques individuelles.

Déjà, le choix des matériels conditionne grandement le bilan carbone d’une entreprise. Il existe des labels qui garantissent qu’un équipement soit moins « énergivore ». La politique de renouvellement de ce matériel est un second levier que peut actionner une entreprise. Un appareil peut voir son utilisation prolongée en étant utilisé pour des tâches annexes puis être donné à une association qui s’occupera de le reconfigurer avant de le mettre à disposition de structures en France et à l’étranger lui permettant une seconde vie.

Une société doit déterminer en amont avec ses fournisseurs comment son matériel pourra être recyclé. Il existe des filières spécialisées qui évitent que des composants soient rejetés dans la nature. Dans les plus grandes structures, la DSI en coordination avec la direction RSE doit veiller à travailler sur ces questions et à les insérer dans leurs processus d’achat. Lors du renouvellement du parc informatique, il est utile de négocier une extension de garantie, d’allonger la durée de location ou de favoriser l’utilisation d’équipements reconditionnés.

Ensuite, le choix des solutions IT mises en œuvre est important. Par exemple, favoriser le cloud permet de mutualiser des serveurs dans des data centers. L’impact est assez positif car c’est utiliser moins de matériel tout en limitant la consommation énergétique. Cela peut être aussi de choisir des hébergements green ou des messageries limitant l’émission de CO2. Là aussi, la direction peut mettre en place des bonnes pratiques en amont. Il est possible ainsi de gagner jusqu’à 30% sur la consommation électrique.

Enfin, les pratiques individuelles constituent un axe d’amélioration car le comportement de chaque collaborateur contribue à la consommation globale de l’entreprise (méthode des recherches d’information sur les moteurs dédiés, gestion des fichiers et de leur partage, suppression des spams sur les messageries, limitation des abonnements aux newsletters). L’envoi d’un seul e-mail de 1 Mo produit l’équivalent de 15 grammes de CO2. L’impact climatique varie avec le poids des pièces jointes et le nombre de destinataires. Par exemple, l’envoi de 33 e-mails d’1 Mo à 2 destinataires par jour et par personne génère annuellement des émissions équivalentes à 180 kg de CO2, soit l’équivalent de plus de… 1 000 km parcourus en voiture. Au niveau d’une entreprise de 100 collaborateurs, l’envoi d’e-mails génèrerait ainsi 13,6 tonnes de CO2 par an5.

Pour toutes ces raisons,  DSI et direction RSE doivent s’emparer de ces enjeux afin de sensibiliser les collaborateurs aux bonnes pratiques qui sont vertueuses mais aussi économiquement rentables. TPE, PME sont également des contributrices majeures à une amélioration sensible du bilan de l’économie française. Enfin, les start-ups au cœur du numérique se doivent de prêcher l’exemple en interne mais aussi auprès de leurs clients. L’impact du numérique sur l’environnement est l’affaire de tous, chaque geste, même le plus anodin, s’additionnant à des millions d’autres fait la différence.

1.         Newmanity est une start-up adhérente à l’Observatoire COM MEDIA : http://obs-commedia.com/actu/interview-comment-respecter-a-la-fois-notre-vie-privee-et-lenvironnement-avec-internet/  
2.         En savoir plus sur les bonnes pratiques grâce au blog de Newmanity : http://blog.newmanity.com/
3.         Source : The Radicati Group
4.         Source GESI : Global e-sustainability initiative
5.         Source Ademe, rapport de 2014 

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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