[INTERVIEW] Success Story d’une plateforme qui rassemble une communauté de créatifs experts

Rencontre avec Julien MECHIN, co-fondateur de Creads

Observatoire COM MEDIA : Comment Creads a été créée ?

Julien Mechin : Tout a commencé suite aux difficultés que nous avons rencontrées pour trouver un graphiste dans le cadre d’un projet pour une nouvelle identité visuelle. Entre une agence, un indépendant ou un studio, les tarifs allaient du simple au triple pour un projet identique et sans véritable explication. Nous avons consacré beaucoup de temps pour démarcher les différents prestataires, vérifier leurs références puis négocier les délais et les cessions de droit. L’ensemble nous a paru à la fois opaque et incompréhensible. Cette pénible expérience nous a convaincu de la nécessité de mettre sur pied en 2008 une plateforme qui centraliserait une communauté de designers freelances et normaliserait les processus tout au long de la chaîne de création graphique. Aujourd’hui, nous fédérons une communauté d’un peu plus 50 000 freelances experts dans tous les domaines de la création graphique comme le nom, le logo, le print, et le web.

O.C. : Sur quelles bases repose une plateforme collaborative comme Creads ?

J.M. : Il est difficile pour nos clients de trouver dans des délais toujours plus courts, le bon créatif freelance pour leurs projets. Ainsi, presque 30% des projets de certains de nos clients ne voyaient pas le jour faute d’avoir pu bénéficier de la bonne expertise. Il y a dix ans, les annonceurs pouvaient se contenter d’une ou deux campagnes tous les 6 mois tandis qu’aujourd’hui l’augmentation du nombre des supports (réseaux sociaux, newsletters, sites web, blogs, etc…) nécessite de multiplier d’autant le nombre de messages et par conséquent celui de créations par les graphistes. Nos clients ont désormais besoin de trouver les bons spécialistes en un temps réduit pour des projets précis. Cet énorme besoin de ressources, ils ne peuvent en disposer en interne. Les acteurs traditionnels ont du mal à répondre à cette demande spécifique et ne sont pas organisés pour cela. Chez Creads, nous sommes une trentaine de collaborateurs en relation étroite avec nos clients à qui nous apportons aide et conseils. Nous comptons aussi des développeurs qui alimentent continuellement notre plateforme en nouveaux outils et améliorations afin que nos clients et les créatifs puissent travailler en étroite collaboration et gagner en temps et en efficacité.

O.C. : Quelles motivations poussent des créatifs indépendants à joindre votre plateforme ?

J.M. : Nous sondons régulièrement notre communauté de créatifs afin de connaître les raisons qui les motivent à travailler en tant qu’indépendant et sur notre plateforme. La première motivation est la communauté. Ces créatifs sont plutôt seuls et ils aiment échanger à travers notre plateforme, partager des conseils, participer à des événements et se challenger autour de projets professionnels. La seconde motivation des créatifs sur Creads est emprunte de pragmatisme et concerne le développement de leur chiffre d’affaires. Notre plateforme leur permet de participer à des projets pour des clients d’envergure auxquels ils n’auraient jamais pu participer s’ils étaient restés seuls. Dernier élément, nos clients viennent de tous les horizons ce qui nous permet de présenter des projets très différents les uns des autres ce qui est une source supplémentaire de motivation pour les créatifs de la communauté.

De plus, comme nous nous occupons de la relation commerciale avec nos clients, nous présentons aux créatifs des projets cadrés pour un montant précis et une durée déterminée.  Les créatifs ne perdent pas de temps à échanger avec le client et peuvent se concentrer sur la réalisation des projets qu’ils ont acceptés. Nous veillons à nous assurer tout au long du projet que les créations produites correspondent aux souhaits des donneurs d’ordres. Un client satisfait fera appel de nouveau à la communauté Creads Le créatif se verra confier d’autres projets par le client qu’il aura su satisfaire grâce à notre travail d’encadrement. Nous nous inscrivons avec nos clients dans le long terme et nous demandons à chacun d’entre eux de noter le créatif qui a travaillé sur son projet et s’il est prêt à faire appel de nouveau à lui. Si la réponse est positive, le créatif plébiscité sera sollicité en priorité sur des projets similaires. En cas de réponse négative, nous tâchons avec le client et le créatif de déterminer où la collaboration a pu mal se passer. Cette notation au final sert au client à monter une équipe créative sur-mesure. Progressivement, les donneurs constituent leur équipe de spécialistes disponibles à la demande.

Dernier avantage avec la simplification de la facturation qui est un processus généralement chronophage entre la constitution des factures, les relances et la vérification des règlements. Pour tous ses projets passant par notre plateforme, un créatif les crédite très simplement et à la fin du mois, il lui suffit de cliquer sur un bouton pour récupérer ses gains qui sont automatiquement virés sur son compte bancaire.

O.C. : En quoi, ce statut de travailleur indépendant est-il facilité par votre plateforme ?

J.M. : Notre plateforme ne serait rien sans les créatifs, c’est pourquoi nous avons l’ambition de les protéger, de les aider et de les encourager en leur apportant un confort de travail qu’ils n’auraient pas en restant isolés. Nous leur apportons des garanties supplémentaires et des services complémentaires comme une mutuelle globale, des assurances ou une assistance comptabilité. Nous apportons des réponses grâce à des partenaires afin de renforcer cette communauté. Le nombre d’indépendants va s’accroître fortement en France.

O.C. : En quoi le digital répond-t-il aux préoccupations de vos clients ?

J.M. : Avant l’arrivée du digital, un client pour produire une newsletter par exemple devait consacrer du temps à la recherche d’un designer dans des annuaires spécialisés ou faire appel à son propre réseau. Il recevait plusieurs devis aux tarifs divers pour des prestations pas toujours bien comprises ou détaillées. Ensuite, il lui fallait caler son propre agenda avec ceux des prestataires pressentis et s’assurer que les conditions de cession de droit étaient les mêmes pour tous. Pour une simple newsletter, plusieurs jours étaient nécessaires pour choisir le designer. Ensuite, commençait le briefing avec des allers-retours, des échanges téléphoniques et des envois de fichiers. Le digital, nous permet de proposer un processus bien rodé. En quelques minutes, le donneur d’ordres définit ses besoins dans les délais de son choix. Il reçoit plusieurs propositions et des tarifs. Une fois qu’il en a validé un, il présente son briefing. Quelques minutes après, un chef de projet lui est attribué et le rappelle pour s’assurer de la bonne compréhension des éléments. Cette réactivité ne serait pas possible sans les atouts du digital. Nous allons choisir ensuite un créatif spécialisé dans le support choisi et le secteur d’activité du client. Enfin nous mettons en contact le client et le créatif qui utilisent la plateforme pour échanger et partager les éléments du dossier dont nous assurons la sécurité et la confidentialité. Le digital permet de mettre en place un véritable outil de travail facilitant toutes les étapes d’un projet, de la recherche du prestataire jusqu’à la mise en disposition des livrables.

O.C. : Quels sont les enjeux d’un développement à l’international ?

J.M. : Creads fonctionne en cinq langues dans une trentaine de pays dont les cultures peuvent être fort différentes de la nôtre. Dans un domaine sensible comme le design, nous veillons tout particulièrement à faire attention aux spécificités de nos clients étrangers. Nous rassemblons des créatifs très divers et cette richesse plait énormément à nos clients. L’enjeu pour nous est d’être une vraie fenêtre sur le monde et d’offrir l’accès à une communauté implantée à travers le monde.

O.C. : Vous avez levé des fonds récemment, que pouvez-vous nous dire de cette opération, des conditions dans laquelle elle a été menée ?

J.M. : Début janvier 2017, nous avons annoncé une nouvelle levée de fonds de 4 M€ auprès de Hi Inov et SNCF Digital Ventures. Au-delà de l’opération financière, il s’agit surtout d’une alliance forte avec des entités que nous considérons comme de précieux partenaires, qui croient en notre vision et au potentiel de notre nouvelle solution disruptive, Creads-Partners.com. Obtenir la confiance de tels investisseurs est un gage de crédibilité auprès de nos clients et aussi une belle motivation pour nos équipes !

Pour moi, une levée de fonds réussie repose sur trois ingrédients majeurs : un concept novateur, un business model bien ficelé et surtout une forte synergie avec ses futurs investisseurs.

O.C. : Quel est votre point de vue sur les actions menées par l’Observatoire COM MEDIA ?

J.M. : Je suis ravi de notre collaboration avec l’Observatoire COM MEDIA et des liens qui se sont tissés avec son équipe. J’apprécie ses initiatives courageuses sur certains sujets qui en font un acteur impliqué grâce à des partenariats menés notamment avec l’UGAP ou Pôle Emploi. Nous n’aurions pas pu envisager seuls de monter de telles opérations. Enfin, l’opération 1000emplois/1000entreprises est une démarche exceptionnelle : plutôt que de payer une personne sans emploi pour rester chez elle, la collectivité avec l’aide de Pôle emploi et l’Observatoire COM Media s’associent pour effectivement remettre la personne sur le marché du travail. Socialement, c’est remarquable, économiquement c’est idéal pour réduire le chômage en favorisant la rencontre entre l’offre et la demande d’emploi.

Site Creads : https://www.creads.fr/

Creads est sur la plateforme innovation COM’Emploi de l’Observatoire COM MEDIA

http://obs-commedia.com/plateforme-innovation/

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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