Les clichés sont encore nombreux sur la commande publique. A tort, car c’est un gisement important de business ; encore faut-il le savoir et connaitre les bonnes façons d’exploiter le potentiel important de ces marchés. Romain Bégramian, président de Vecteur Plus, leader de la veille des marchés publics, trace un rapide tour d’horizon.
La commande publique, mission impossible ? Certains aimeraient que vous continuiez à le penser
Chronophage, peu rentable, pas fiable, immensément compliquée, la commande publique a une réputation qui « sent le soufre » auprès de la majorité des chefs d’entreprise. Et pourtant, rien n’est plus faux et certaines entreprises très discrètes se gardent bien de s’en vanter car la commande publique a bien changé grâce notamment au numérique et à la simplification des procédures.
Offrant désormais de bonnes conditions de rentabilité, les marchés publics tendent à se rapprocher de ceux du privé. Certes, il peut encore subsister quelques procédures spécifiques au-delà d’un certain montant mais elles n’existent pas forcément pour trouver le moins disant des prestataires. En vérité, dans plusieurs secteurs les acheteurs manquent cruellement de fournisseurs et 25% des appels d’offre s’avèrent infructueux faute de réponse ! Alors oui, les acheteurs peuvent être quelque peu rigides tellement ils veulent être parfaitement éthiques et irréprochables mais l’immense majorité d’entre eux l’est vraiment ; ils respectent scrupuleusement les règles établies qu’ils soient des communes, des syndicats intercommunaux, des conseils départementaux ou régionaux, des administrations centrales ou des bailleurs sociaux.
Il existe un énorme potentiel de croissance pour les entreprises mais encore faut-il savoir par où commencer pour y répondre.
La filière de la communication intéresse les acheteurs publics
A l’heure actuelle, 4000 appels d’offres par an concernent le domaine de la communication dont 15% concernent les métiers du graphisme.
L’idéal est qu’une entreprise de la filière puisse se tenir informée des publications d’appels d’offre à tous les niveaux, d’un grand ministère à la plus petite commune. L’option facile consiste à regarder toutes les offres en les sélectionnant par l’entremise de mots clés et l’analyse de leur contenu. Heureusement, des applications spécifiques facilitent ce travail. Elles combinent de la technologie (I.A. robots) et une expertise humaine.
Du côté de l’acheteur public, il a à sa disposition plusieurs solutions pour diffuser son besoin. En interne, il doit rédiger l’appel d’offres en bonne intelligence avec son propre service communication. De plus, si son projet n’est pas complétement abouti, il peut émettre un appel à manifestation d’intérêt ou autre procédure très ouverte. Il s’agit d’un mode de rencontre des fournisseurs qui seront invités à soumissionner lors de futures procédures de passation de marchés publics (appels d’offres restreints ou procédure concurrentielle avec négociation par exemple).
Une deuxième alternative s’offre à lui, celle de l’expérimentation du décrets dit « achats innovants ». Afin de favoriser l’innovation dans la commande publique, est passé le décret n° 2018-1225 du 24 décembre 2018 portant diverses mesures relatives aux contrats de la commande publique (NOR : ECOM1827790D). Cette mesure consiste en une expérimentation de trois ans permettant aux acheteurs de passer des marchés négociés sans publicité ni mise en concurrence préalable pour leurs achats innovants d’un montant inférieur à 100.000 euros. L’innovation est à prendre au sens large, elle peut concerner aussi bien des technologies que des process de fabrication, des modèles marketing ou bien des mesures d’intégration sociale. Par exemple, une technologie de cartographie au moyen de drones rentre parfaitement dans ce cas de figure.
Des entreprises de la filière de la communication trop peu informées
Trop peu d’acteurs de cette filière profitent de la commande publique du fait de leur ignorance et de leurs préjugés. Pourtant l’Etat et les acteurs publics sont désormais des payeurs exemplaires.
Alors comment connecter ces deux mondes et favoriser les synergies ?
Il existe tout d’abord des outils de veille qui sont très performants et facilitent l’identification des bonnes informations avec le minimum de « bruit ». Il faudrait également favoriser des rencontres entre acheteurs publics et entreprises innovantes de la filière, l’Observatoire COM MEDIA rassemble l’écosystème parfait pour organiser des rencontres entre des acheteurs publics triés sur le volet et des entreprises innovantes répondant aux besoins afin de monter rapidement des collaborations opérationnelles. De plus, le buzz positif autour de ces rencontres contribuerait à combattre les clichés et rétablir la vérité sur la commande publique.
Romain Bégramian, ESSEC 94, est président de la société Vecteur Plus, leader de la veille des marchés publics ; il est également membre du Comité Exécutif du groupe Infopro Digital, qui compte parmi les leaders européens de la data et de l’information professionnelles. Romain a été associé fondateur du cabinet Greene6 Partners et Principal chez AT Kearney.
Le mot de Dominique Scalia, président de l’Observatoire COM MEDIA
Je ne peux que souscrire aux propos de Romain Bégrarian. L’Observatoire COM MEDIA s’est appliqué depuis l’origine à sensibiliser les entreprises de toutes tailles de la filière de la communication aux opportunités de la commande publique avec notamment la Direction des Achats de l’Etat (DAE). Notre partenariat avec l’Union des Groupements d’Achat Public (UGAP) a permis à plusieurs entreprises innovantes parmi nos adhérents de remporter des marchés avec des acteurs publics.
Il n’en demeure pas moins qu’un chantier colossal reste à ouvrir, gageons que notre partenariat avec Vecteur Plus y contribuera.