Les objets connectés : une belle carte à jouer par les entreprises françaises

L’Internet des objets, ou IdO (en anglais Internet of Things, ou IoT), est l’extension d’Internet à des choses et à des lieux du monde physique. les objets connectés commencent à être connus par le grand public. Comme toute technologie, elle connaît des tendances, présentent des enjeux et demandent des compétences particulières. Encore confidentiel, l’IoT est un marché gigantesque et différents pays, dont la France, cherchent à s’y positionner.

L’Observatoire COM MEDIA a fait appel à l’expertise de Vanessa Chocteau, en charge du programme French IoT chez Docapost IoT qui a participé à l’élaboration de cet article.

La France est bien placée mais la concurrence est sévère

Il nous est devenu si familier qu’on a tendance à oublier que le premier objet connecté est le smartphone qu’investissent en masse les GAFAM. Les équipementiers étrangers sont nombreux à proposer des produits connectés comme des téléviseurs ou des enceintes et inondent le marché. Cependant, il existe de très belles pépites en France qui lui permettent de mériter la dénomination de startup nation. Parmi les exemples de réussite à la française, on trouve Withings, pionner français des objets connectés, Parrot dont les drones sont utilisés par des acteurs très divers comme des promoteurs immobiliers pour leur présentation d’immeubles, ou encore Sigfox. La licorne Française, Blablacar s’intéresse de plus en plus à des solutions connectées apportant du service grâce à des objets embarqués. Legrand, l’un des leaders mondiaux des produits et systèmes pour installations électriques et réseaux d’information, propose également une gamme élargie d’objets connectés.

Sur chacun des grands domaines de l’IoT (plateforme, connectivité, création d’objets) les acteurs français sont à la pointe des technologies et peuvent parfaitement répondre aux besoins des marchés internationaux à commencer par l’Europe.

En France, ils s’y déploient des territoires très dynamiques comme l’IoT Valley à Toulouse,  Angers avec la Cité de l’objet connecté ou l’Ecole Electronique de l’Ouest ainsi que la région Rhône-Alpes. Ces pôles d’excellence au terreau très fertile parviennent à travailler ensemble de plus en plus souvent et donc à faire émerger des sociétés qui atteignent désormais les 100 millions d’euros de chiffres d’affaire voire plus.

La France, avec les Etats-Unis, s’est positionnée comme une nation phare des technologies IoT en 2016 et 2017, il faudra cependant surveiller la montée en puissance de la Chine en 2018 qui n’accueille pas moins de 11 licornes actives dans la conception de produits connectés notamment les drones. Elles sont aidées en ce sens par un vaste plan d’automatisation des usines de production lancé par le gouvernement central chinois et qui doit se finaliser en 2025.

La fin de la neutralité du Net, l’IoT « made in France » peut en bénéficier

Autre carte dans la main de la France, son positionnement face à la fin à la neutralité du Net aux États-Unis. Elle doit donner à lieu à un Internet à plusieurs vitesses qui dépendraient de l’abonnement souscrit par le consommateur. La nature d’un contrat commercial pourrait affecter la qualité du débit qui serait allouée à un pourvoyeur de services.  Ainsi, des petites sociétés conceptrices d’objets connectés pourraient connaître des difficultés au moment de conclure des contrats avec les fournisseurs d’accès à Internet américains et bénéficier d’une vitesse de connexion plus lente que celle de leurs concurrents plus gros. Une alternative consiste à faire appel à des réseaux dédiés à l’IoT qui ne limiteraient pas le trafic des données et remplaceraient des WiFi bridés. Ainsi, les entreprises qui utilisent des capteurs IoT ne seraient pas forcément soumises à l’obligation de se procurer une connexion plus rapide. Plusieurs acteurs français sont déjà bien positionnés sur ce segment de marché et sont capables de proposer des solutions viables et performantes. Dès lors, des entreprises basées aux Etats-Unis pourraient être tentées de traverser l’Atlantique et de poser leurs valises en Europe et en France en particulier.

Il est certain aussi que les start-ups spécialisées dans les technologies IoT vont attirer davantage encore les investisseurs et verront leur part augmenter dans le total des levées de fonds.

L’IoT, une technologie qui connait déjà ses spécialisations

L’IoT donne lieu à des spécialisations par exemple dans le domaine de la santé qui n’est plus cloisonné entre l’hôpital, les soins à domicile, le laboratoire voire même la cité. Contrôler une prise de médicament, suivre les données vitales d’un patient en temps réel, réduire l’invasivité des dispositifs médicaux, voici des capacités qui seront bientôt normales avec les objets connectés. L’amélioration du traitement des données massives permettront à terme une meilleure compréhension des pathologies grâce aux partages des dossiers des patients facilitant l’analyse des symptômes des maladies et l’émergence d’une approche prédictive de la santé en permettant de prédire par exemple les AVC et les crises cardiaques. Parallèlement à ces progrès technologiques, les pouvoirs publics et les organismes de santé devront veiller à assurer une politique de confidentialité efficace tout en favorisant un partage des données qui respecte les règles de la déontologie.

Une même technologie ne peut plus répondre à tous les besoins, il devient par conséquent nécessaire de disposer d’objets et de services qui proviennent d’univers différents et qui soient toujours plus faciles à utiliser.

Parmi celles-ci, le nombre croissant d’interfaces de communication faisant appel à la voix plutôt qu’au doigt, le « digital ». Des plus récentes analyses, il en ressort que les plus jeunes (moins de 10 ans) sont habitués très tôt à interagir par la voix qui est en train de devenir l’interface privilégiée parmi les technologies IoT.

On voit apparaître les premiers objets connectés intelligents avec les enceintes à commande vocale. Elles sont parmi les objets préférés pour les achats de Noël sur le marché américain. Il reste cependant à améliorer l’intelligence artificielle derrière la reconnaissance vocale car une intégration dans un véhicule par exemple demandera une sécurité sans faille tant au niveau de l’interprétation des ordres que de leur exécution.

L’objet connecté et l’intelligence artificielle, un binôme qui est une réalité

Du côté des entreprises, la priorité est de coupler l’intelligence artificielle et l’analytics avec les technologies IoT. Les équipementiers, les spécialistes du supply chain, les constructeurs des secteurs de l’automobile ou de l’aéronautique cherchent à analyser leur production en temps réel grâce à la connexion des capteurs positionnés sur leurs chaînes de production. Cette transformation combinant monde physique et numérique constituera un poste de dépense très conséquent durant les années à venir. Une mise en place délicate d’autant plus que l’intelligence artificielle est beaucoup plus complexe qu’on ne le croit en général. Il est clair cependant que chaque industrie aura besoin de solutions spécifiques qui demanderont des développements particuliers.

Des données plus nombreuses à traiter au service des entreprises

Parmi les premières technologies IoT, deux secteurs sont appelés à connaitre un fort développement à savoir le Cloud Computing et l’Edge Computing Connecter des milliers, voire des millions de capteurs exige un espace de stockage bien plus étendu pour les entreprises que pour les utilisateurs lambda. Proposer de telles infrastructures demande de lourds investissements et déjà des fournisseurs d’accès se préparent à se positionner sur ce marché. Mais la masse des informations à traiter et leur sécurité poussent dès à présent des entreprises à stocker et analyser les données au plus près du lieu de production. Pour cela, elles misent sur l’Edge Computing. Le traitement des données à la périphérie ou Edge Computing est une architecture informatique distribuée ouverte qui présente une puissance de traitement décentralisée permettant les technologies de l’informatique mobile et de l’Internet des Objets (IoT). Les données y sont traitées par le périphérique lui-même, par un ordinateur ou un serveur local au lieu d’être transmises à un datacenter.

Des machines plus autonomes parmi les humains

Les technologies IoT impactent grandement les domaines liés à la robotique et à l’automatisation. Si le grand public a bien en tête l’exemple des robots dans les usines de production, ils devraient s’habituer à voir des appareils plus autonomes dans les entreprises mais aussi dans des établissements ouverts au public où ils s’occuperont de la propreté, de la sécurité, de la livraison de denrées, etc.

Les développeurs des technologies IoT ne veulent pas supprimer des emplois, mais pensent au contraire qu’elles aideront les opérateurs à réaliser plus facilement et plus rapidement des tâches répétitives. En 2018, l’IoT au sein des entreprises en pleine transformation numérique.

L’IoT, une technologique émergente dans le domaine du marketing

L’objet connecté est perçu également comme une interface censée apporter davantage d’informations adaptées au lieu de son utilisation. Dans les lieux de vente physique, sur la partie commerce, il s’agit d’un marché qui reste à prendre car l’utilisation d’objets connectés y est peu répandue. Des start-ups travaillent dès à présent sur des sujets comme la dynamisation des centres commerciaux mais pour le coup il n’existe pas encore aucune véritable  forme d’automatisation qui permet plus facilement d’aller vers les consommateurs. Cependant, l’IoT a le potentiel pour recréer une dynamique d’attractivité vers les commerces de proximité qui souffrent face aux grandes surfaces davantage connectées. Il est possible alors de redynamiser certains quartiers et lieux de vie délaissés ou désertés et c’est ce que recherchent des communautés de communes, des villes de petite et moyenne taille pour développer leur attractivité. Il y a une carte à jouer en connectant des places de marché qui permettront aux visiteurs et aux résidents d’être rapidement informés de la présence d’un commerce tout proche, de ses offres et d’être livrés. Des entreprises françaises ont travaillé ses problématiques et proposent au CES 2018 des solutions associant plateformes et objets connectés notamment.

Enfin, il existe déjà des solutions de réalité augmentée dès à présent qui associent des objets physiques avec des solutions numériques. Que ce soient pour les magazines, les catalogues, et les courriers, l’accueil du public est très bon car cette technologie des supports traditionnels tout en fournissant des services supplémentaires évitant toute rupture d’usage.

Le deuxième âge de l’IoT, qui deviendra le seigneur des réseaux ?

Tous récents soit-il, l’IoT est déjà entré dans un “second âge” qui verra émerger une génération d’objets capable d’interpréter et de réagir à une masse de données plus importante et de façon plus autonome grâce à l’intelligence artificielle. Ils deviendront des véritables assistants du quotidien qui sont encore tributaires des standards proposés. La concurrence féroce que ne se manqueront pas de se livrer les grands fournisseurs devrait donner lieu à des affrontements comme se sont livrés Sony et Toshiba pour imposer respectivement le DVD  Blu Ray et le HD DVD.

L’objet connecté est transgénérationnel et il apparaît de plus de plus d’objets adaptés à toutes les tranches d’âge  de 7 à 77 ans voire au-delà par exemple avec un thermomètre connecté adapté à l’usage des nourrissons. Comme toutes les technologies, l’IoT s’imposera comme une évidence lorsque le public sera convaincu qu’il facilite leur vie… tout simplement.

En savoir plus sur French IoT : interview de Vanessa Chocteau, Directrice du programme French IoT

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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