Alors que le marché publicitaire a connu une baisse de près de 25% en 2020, les défaillances d’entreprises de la filière de la communication (agences, médias, événementiel, industriels de la communication) ont reculé de 30% par rapport à 2019. Un paradoxe qui s’explique par les mesures d’aides (chômage partiel, PGE, report des échéances sociales) mises en place par le gouvernement et largement activées par l’ensemble des entreprises de la filière.
La filière de la communication rassemble en France plus de 47 000 sociétés consolidant un chiffre d’affaires de près de 39 milliards d’euros ! Plus de 90% d’entre elles sont des TPE/PME et elles se répartissent entre quatre grands secteurs que sont les agences de communication (47%), les industriels de la communication (38%), l’événementiel (10%) et les médias (5%). Les conséquences de la pandémie de la COVID-19 ont été sur elles à la fois brutales et inédites. Le constat est notamment un recul des investissements publicitaires qui frappe de plein fouet les professionnels de la communication. Ainsi, l’ensemble des entreprises de la filière de la communication enregistre en 2020 une perte de près de 8 milliards d’euros.
649, c’est le nombre d’entreprises qui sont entrées en défaillance en 2020, selon l’étude de l’Observatoire COM MEDIA et d’Altares D&B ; soit 30% de moins que les défaillances enregistrées en 2019, année où les investissements publicitaires avaient connu pourtant une croissance de 1,5%. Pour rappel, il y a 10 ans, les défaillances d’entreprises étaient 2 fois plus nombreuses dans le secteur des agences de communication, 3 fois plus nombreuses dans le secteur industriel de la communication et 4 fois plus nombreuses dans le secteur événementiel. Aujourd’hui, ces trois secteurs ont dénombré 400 défaillances en 2020 contre 1 125 en 2009.
Comment se fait-il que les entreprises résistent mieux dans un contexte où les investissements des Marques vivent l’un des pires reculs de leur histoire ? Explications
Quand l’Etat maintient les entreprises sous perfusion
Une explication majeure est avancée pour justifier ce phénomène inédit ; celle de l’intervention massive de l’Etat à travers des demandes d’activité partielle, des reports d’échéances sociales, du Prêt Garanti par l’Etat, de l’accès au fond de solidarité pour les TPE… Des mesures qui ont permis à des milliers d’entreprises de la filière de la communication de survivre dans un contexte de baisse d’activité, d’annulation ou encore de report de commandes des Marques.
Une chute qui sera douloureuse en 2021
Selon l’étude de l’Observatoire COM MEDIA et d’Altares D&B, les secteurs de la communication les plus fragiles financièrement vont éprouver de la peine à poursuivre leurs activités sans ces aides si elles venaient à se réduire plus rapidement que le retour à un niveau d’activité « normale ». En tête, les industriels de la communication, avec notamment le monde de l’imprimerie dont le taux d’entreprises fragilisées est 3 fois plus élevé que celui de l’ensemble des entreprises de la filière de la communication, en seconde position viennent les agences de communication, puis l’événementiel.
En 2021, il reste de nombreuses inconnues. Il est fort probable en revanche que la sinistralité des entreprises de la filière de la communication grimpe par rapport à 2020 et s’accélère sur 2022. Tandis que les aides de l’Etat vont diminuer, les entreprises de la filière de la communication vont devoir commencer à rembourser les dettes contractées en 2020 ou encore les reports d’échéances ; le tout dans un contexte d’évolution des investissements des marques au profit des canaux digitaux et au détriment des médias traditionnels qui ne bénéficieront pas tous de la même dynamique de reprise.
Autre élément de taille, 99% des entreprises défaillantes de la filière communication sont des TPE/PME ! Cette « mortalité » a touché principalement le secteur des agences de communication (35%), l’événementiel (14%) et l’imprimerie (12%). Plus de 50% de défaillances ont eu lieu sur les régions Ile-de-France (34%), Auvergne-Rhône-Alpes (12%) et Provence-Alpes-Côte-d’Azur (9%).
La filière de la communication pourrait déplorer plus d’un millier de faillites en 2021 (contre 649 en 2020) auxquelles pourraient s’ajouter plus de 1 300 faillites en 2022, soit près de 2 300 disparitions d’entreprises sur deux ans dans l’hypothèse d’un retour à une activité « quasi-normale ». Au-delà des défaillances d’entreprises, s’ajoutent plus de 5 000 entreprises rencontrant actuellement de grandes difficultés, dont la perspective de survie est faible.
En synthèse, près de 20% des entreprises de la filière de la communication sont menacées de disparition. Dans ce contexte, il est nécessaire que l’ensemble des acteurs économiques réinvestisse rapidement en matière de communication au profit des entreprises de la filière communication mais également de leur propre visibilité auprès de leurs publics. Enfin, Il est grand temps que les acteurs de la filière communication puissent prendre en main leur avenir en réfléchissant ensemble aux mesures à prendre en matière de soutien, d’alliance, de coopération, voire de consolidation et de concentration pour atténuer les impacts de cette crise.
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