[INTERVIEW] Consolider les communautés grâce à la technologie

Rencontre avec Samuel Metias, fondateur et dirigeant de Comeet.

Observatoire COM MEDIA : Comment a commencé l’aventure Comeet ?

Samuel Metias : L’histoire de Comeet a débuté en janvier 2017. Nous avons rejoint la pépinière de l’Essec Ventures. En mars dernier, nous recevions le prix coup de cœur du jury au salon Devoxx,  en juin nous participions à Viva Technology sur le stand de ManpowerGroup et nous fondions la HappyTech. Enfin, le 18 septembre dernier, nous recevions le trophée du bien-être 2017 dans la catégorie bien-être au travail.

L’idée de Comeet m’est venue suite aux expériences que j’ai vécues durant ma carrière professionnelle. J’ai une double casquette dans ma vie professionnelle. Je suis à la fois business marketing manager chez Microsoft et maire adjoint dans ma ville. J’ai pu ainsi constater non seulement le grand écart permanent entre l’administration et une entreprise américaine en matière d’adoption des nouvelles technologies mais aussi réfléchir sur la place de l’être humain et la façon dont la technologie peut servir l’homme au sens large. Chez Microsoft, je participais également à un groupe de réflexion sur le bien-être au travail qui nous a fait prendre conscience de la place des écrans d’ordinateurs qui pouvaient créer des murs virtuels entre les collaborateurs et combien il était important de créer du lien entre ces derniers en dehors de réunions formelles..

Fan de technologie, je me suis vite demandé comment la technologie permettait de mettre l’homme au centre dans une logique d’ouverture aux autres et non pas le laisser dans une forteresse où il s’enfermerait lui-même. Un risque toujours plus grand avec la réalité virtuelle qui vous oblige à porter un casque et à vous couper du monde réel.

Notre équipe chez Comeet cherche à apporter du bien-être aux individus et en particulier grâce à une technologie clé : l’intelligence artificielle. Comment l’avènement de l’IA va permettre de créer du lien est notre réflexion de base. Quand on interroge les personnes sur ce qui apporte du bien-être, 80% des personnes interrogées répondent les relations entre individus. Pourquoi les relations ? Dans nombre d’entreprises qui refont leurs locaux par exemple en y amenant du mobilier neuf et en ajoutant un baby-foot dans la cafétéria, le problème de ce dernier reste toujours qu’il n’y personne pour y jouer.

Chez Comeet, nous aidons les entreprises à rassembler leurs collaborateurs autour du baby-foot par exemple pour qu’ils s’y rencontrent, échangent et créent du lien. Effectivement, quelqu’un qui ne s’entend pas avec son entourage professionnel (collègues et manager) aura beau travailler dans des locaux neufs, il n’aura pas envie de se lever le matin et s’y rendre. A contrario, si vous faîtes partie d’une start-up, que vous travaillez dans un garage avec des gens formidables et prenez du plaisir tous les jours au travail avec eux, vous vous lèverez tous les matins avec une intense envie de vous donner à fond.

Les relations entre les individus sont juste la clé principale à travers laquelle amener du bien-être. Pour y parvenir, nous utilisons une intelligence artificielle embarquée dans une application qui va organiser les activités pour les salariés en faisant en sorte qu’ils se rencontrent et qu’ils puissent se concentrer sur ce qu’il y a de plus important : mieux connaître leurs collègues.

O.C-M. : Quelles sont valeurs distinctives ?

S.M. : Nous en avons plusieurs. La première est que notre intelligence embarquée au service du bien-être est conçue afin de minimiser les actions des utilisateurs et d’en maximiser les apports bénéfiques. Nous avons opté pour une option disruptive. Vous ne choisissez pas les gens que vous allez retrouver mais c’est l’IA qui les sélectionne sur la base de critères affinitaires. Comeet choisit le lieu de l’activité, c’est l’IA qui indique où les participants se retrouvent. Par exemple, si vous indiquez à l’application que vous souhaitez déjeuner, elle va choisir les personnes avec vous à table, va réserver le restaurant et va vous envoyer l’invitation sur le jour et l’heure qui convient à tout le monde et ça pour tous types d’activité (boire un verre après le travail, aller à un bowling, un « escape game », un karting, peu importe) Comeet se chargera en permanence de choisir les personnes, choisir le lieu et trouver le bon moment.

Notre application va créer l’occasion pour deux personnes de se rencontrer autour d’un sujet commun qui a été scoré par l’IA mais qu’ils ne se connaissaient pas parce qu’ils ne travaillent pas dans le même service. Pour les collaborateurs, c’est une surprise qu’ils découvrent qui est favorisée par Comeet qui devient un créateur d’occasions de faire des rencontres surprenantes mais agréables.

O.C-M. : Quelles sont les entreprises qui font appel à vos services ?

S.M. : Aujourd’hui, nous avons plusieurs gros clients dont Cordon Electronics, le leader européen du SAV qui est une entreprise peu connue du grand public, dynamique et française. Nous sommes admis dans l’incubateur de l’ESSEC qui utilise aussi Comeet et échangeons avec plusieurs grosses entreprises. Notre solution nous l’avons également déployé chez Microsoft, Talensoft, Nexity Conseil et Transaction et leurs espaces de coworking Blue Office. Globalement au-dessus d’une centaine de salariés, l’intérêt pour notre solution est fort, en dessous, il est moins immédiat et varie selon le secteur d’activité. Par exemple pour une société de consultants de 80 personnes l’intérêt est plus prononcé car ses collaborateurs vont en clientèle dans des grosses sociétés et ont besoin de se retrouver régulièrement pour échanger. Il faut une communauté suffisamment grande pour créer l’effet de surprise, si tout le monde se connait déjà, il sera est forcément moindre.

Nous sommes très attachés à la notion de communauté. Une entreprise par exemple est une communauté, un espace de coworking composé de plusieurs entreprises forme aussi une communauté de communautés. C’est une notion très large qui peut englober une communauté de communes ou d’établissements publics ou bien une communauté sur une zone industrielle. Nous avons une liberté assez grande pour définir ce qu’est une communauté, le tout est que cela fasse sens pour faire des rencontres. Si elle est rassemblée dans un même lieu géographique, une même entreprise, nous sommes capables de l’intégrer. Notre solution intéresse également les associations des fans d’une marque ou d’un artiste.

O.C-M. : Quelle est votre position par rapport à l’utilisation des données et leur analyse ?

S.M. : Nous ne stockons aucune donnée d’aucune entreprise. Pour faire une bonne analogie, comme une personne, une IA pour être en bonne santé doit manger frais donc avoir des données les plus récentes possibles pour être pertinente. Notre choix est de ne pas stocker les informations mais de demander l’autorisation de lire les informations publiques (profils Facebook, Linkedin etc…). Nous matchons à partir de ces informations qui nous évitent d’avoir à stocker quoique ce soit, Les seules données que nous conservons constituent l’historique des activités dans notre application. Nous ne captons pas les données donc nous ne les revendons pas. Nous sommes privacy by design, c’est bien plus qu’une posture.

Aujourd’hui, nous proposons comme activités des déjeuners et after work. A terme, nous allons étendre nos activités autour du sport, du fun, du partage, covoiturage, jogging etc. L’idée n’est pas tant de découvrir de nouvelles activités mais d’optimiser le fait de pouvoir pratiquer des activités. Souvent dans l’entreprise l’envie peut nous venir de d’organiser une activité mais si l’on ne le fait pas, c’est parce que soit on ne trouve pas les personnes avec qui le faire, qu’on ne trouve pas le lieu et qu’on ne sait pas comment s’y rendre, soit parce qu’on ne trouve pas le bon moment et qu’on a du mal à s’organiser.

Notre solution facilite toute l’organisation pour partager des activités avec des personnes qu’on ne connait pas pour étendre son propre réseau. Ce dernier bénéficie de notre solution et s’étend beaucoup plus vite, et l’on sait que des personnes avec un réseau professionnel large sont plus heureuses que celles avec un réseau restreint. Un réseau riche facilite le travail d’un collaborateur en lui permettant d’appeler des contacts capables de l’aider à trouver des réponses et des solutions plus rapidement et efficacement.

Notre application est en anglais et en français et nous prévoyons d’intégrer des librairies de traduction automatique en 25 langues.

O.C-M. : Quelles raisons vous ont poussé à rejoindre l’Observatoire COM MEDIA ?

S.M. : Plusieurs raisons ont motivé notre adhésion. Nous réfléchissons aux moyens avec Comeet d’apporter de la valeur dans la filière communication et les médias puisque nous valorisons la marque et l’entreprise qui la porte. L’offre de valeurs de l’Observatoire COM MEDIA nous a intéressé ainsi que le programme 1000emplois/1000entreprises. Nous sommes une start-up avec des problèmes à la fois de recrutement et de budget et forcément, ce dispositif novateur minimise la prise de risque et nous permet d’élargir le champ de nos recherches et augmente les probabilités de trouver le bon collaborateur.

Retrouvez la présentation de Comeet sur la plateforme innovation OPEN’COMMEDIA. :

http://obs-commedia.com/plateforme-innovation/item/comeet/

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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