La Station F : Un ambassadeur de l’Observatoire COM MEDIA témoigne

Depuis son inauguration le 29 juin 2017, et l’ouverture aux Startups le 3 Juillet 2017, les qualificatifs ne manquent pas pour décrire le « plus grand incubateur de start-ups au monde » voulu et financé par Xavier Niel. Il nous a paru pertinent de recueillir le témoignage d’un de nos adhérents après trois semaines passées au cœur de ce gigantesque dispositif qu’est la Station F.

C’est Frédéric Sigal, CEO d’une nouvelle startup et de la solution Wall of Music(1), qui a une solide expérience à l’international dans de grosses sociétés américaines telles qu’Apple et General Electric, qui s’est porté volontaire. Frédéric et ses équipes ont rejoint la Station F le 7 Juillet et font partie du Founders Program.

 

Credits Patrick Tourneboeuf
Crédits Patrick Tourneboeuf

Une réponse pour accompagner les jeunes entrepreneurs en Europe et combler un vide

La Station F était déjà connue grâce à une intense communication mondiale et aux retombées du succès de l’Ecole 42 financée également par Xavier Niel. Il apparaissait évident qu’il manquait en France, une structure pour accompagner le monde des start-ups. Côté emploi, on sait très bien aujourd’hui que les générations Y et Z ont du mal à trouver des CDI en sortant de leurs écoles. Contrairement à il y a 20 ou 30 ans où le pourcentage des entrepreneurs était autour de 1%, cette jeune génération est beaucoup plus habile et se tourne davantage vers l’entrepreneuriat notamment la création de start-ups. Comme ces jeunes n’ont pas bénéficié des conseils d’une structure dédiée ou qu’ils manquent tout simplement d’expérience, ils ont un grand besoin d’être accompagnés. L’augmentation du nombre de start-ups a entraîné depuis quelques années l’explosion des incubateurs et accélérateurs. Tout paraît encore très désorganisé et ressemble encore à un phénomène de mode. Il y a peu en France, il n’existait pas d’entrepreneur à succès comme Xavier Niel pour faire contrepoids aux Etats-Unis qui sont clairement leader dans le monde des start-ups avec plus de 65 000 nouveaux projets tous les mois. Ce dernier voulait créer ce premier campus européen pour répondre à ce besoin d’accompagnement qui ambitionne de faire de l’ombre même aux plus grands campus et Gafam (Géants les plus connus Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft) américains. Son initiative de mécénat lui a demandé des investissements très importants de l’ordre de 320 millions sur ce campus avec un budget de fonctionnement de 25 millions. La Station F est un campus à l’américaine qui favorise le succès et la pérennité des start-ups qu’il abrite. Je n’ai jusqu’à présent travaillé que pour des sociétés américaines et j’ai tout de suite adhéré à ce message évidemment. Très vite, Je me suis posé la question si je devais candidater à ce programme ou non et j’ai décidé de tenter ma chance.

Un processus de recrutement… étonnant

J’ai découvert le processus de recrutement qui comportait deux étapes. Le moins que je puisse dire est qu’il est unique, étonnant et à l’image de l’esprit qui anime les équipes de la Station F.
La première étape consistait à envoyer tout simplement un dossier concernant le projet et il s’agissait d’un processus de revue drastique par plus d’une centaine d’entrepreneurs internationaux. Et une fois le dossier soumis, le délai de réponse était de deux mois, les « examinateurs » ayant dû étudier des milliers de dossiers du monde entier. Mes associés et moi-même avons reçu un mail nous confirmant que nous étions acceptés dans la Short-List et que la suite consistait en une interview avant décision finale.

J’ai beaucoup souri avec la seconde étape du processus de recrutement car il a été entièrement automatisé avec l’utilisation de robots. Il nous fallait utiliser son propre matériel informatique et une caméra. Nous avons reçu un lien pour vérifier le microphone et la vidéo et nous n’avions pas accès à l’interview. Nous ne savions rien des interlocuteurs et des questions. La seule information à notre disposition était qu’il y aurait sept questions de posées, et ce quelle que soit l’heure choisie, à savoir un processus d’interview ouvert 24 heures sur 24.

Credits Patrick Tourneboeuf
Crédits Patrick Tourneboeuf

Après avoir cliqué sur le lien vers le questionnaire, le processus est enclenché sans qu’il soit possible de l’arrêter et de revenir en arrière. Nous avons disposé de trente secondes ou d’une minute pour lire chaque question  puis le même délai pour y répondre. Autant dire qu’en termes de préparation et de pertinence, surtout pour une équipe comme la nôtre qui compte trois associés, il faut avoir du répondant pour répondre à des questions parfois compliquées comme celle portant sur le business modèle, nos ambitions, ou nos échecs. Le seul mandat qui nous était donné par l’équipe de la Station F était de surprendre et d’être créatifs et ambitieux. Cette anecdote est importante à mes yeux car le fait d’utiliser un processus automatique avec des bots ouvert 24h/24, nous a beaucoup interpellé tant il est compliqué pour des français de synthétiser une idée forte et complexe en moins d’une minute. A la fin, nous ne savions pas du tout si nous le test était réussi ou non. Pour être même précis, nous avions tous eu l’impression d’avoir loupé l’exercice n’ayant pas réussi à répondre à temps à certaines questions ! Cela fait partie du jeu mais nous avons eu la joie immense de recevoir un mail de confirmation quinze jours après, nous confirmant que nous étions retenus. Cette première campagne a fait l’objet de 2 400 candidatures mondiales avec dans l’ordre des réponses venant des Etats-Unis, suivies de l’Angleterre et de la Chine en 3ème position. La Station F n’a pas partagé d’information concernant la France par contre sur les 200 start-ups retenues il y a 40% de femmes entrepreneurs. On parle là d’une parité remarquable et d’un écosystème international ambitieux qui met en avant l’entraide et la réussite. Inutile de mentionner que la langue d’échange sur le campus est l’anglais.

Des programmes intelligents et variés

Ce campus est absolument magnifique et inédit en Europe. Il est ouvert 24 heures sur 24 et dispose de trois halls. Le premier (Hall Share) est réservé à la partie business pour recevoir des prospects, des investisseurs, des clients ou des invités. L’anti-café est aussi présent ainsi que quelques fonds d’investissements, un magasin Hardware pour répondre aux besoins de toutes les startups, de   nombreuses salles de réunions et espaces ouverts, et un amphithéâtre de très grande taille.

Le second hall (Hall Create) est réservé uniquement aux start-ups et aux incubateurs. Enfin le troisième hall demeure en cours de finalisation et deviendra le plus grand restaurant en Europe. La Station F dispose de 9 000 places pour les entrepreneurs. A ce jour, 3 000 personnes ont rejoint la Station F soit un tiers de remplissage. Nul doute que toutes les places disponibles seront prises dès le début du quatrième trimestre.

Trois programmes ont été initiés au sein de la station F qui démontent l’intelligence et la créativité de l’ensemble du dispositif. Le premier (Fighters Program – totalement gratuit) est ouvert aux personnes qui sont entrepreneurs dans l’âme et qui n’ont pas grandi dans un environnement favorisé. Le second programme (Fellowship Program) est réservé aux structures qui ne sont pas basées sur Paris mais en province ou à l’étranger et n’ont pas besoin d’une présence permanente à la Station F. Ce programme annuel leur permet d’être sur le campus 5 jours par mois. Elles s’engagent sur une présence minimum d’un an sur le campus pour un prix extrêmement raisonnable de 900 euros par an. Le troisième programme (Founders Program – dont nous faisons partie et qui regroupe 200 startups sélectionnées à travers ce processus drastique de sélection) est coordonné par une équipe dédiée de Xavier Niel et nous permet d’avoir jusqu’à 15 collaborateurs par société. A partir de ce seuil, la Station F considère qu’une entreprise n’est plus une start-up et doit quitter le campus. Avec un coût de 195 euros par poste et par mois, il s’agit d’un investissement très rapidement rentabilisé, du fait pour commencer de la présence de plus de 200 sociétés en attente d’expertise qui échangent et s’entre-aident. Nous-même, nous avons signé en 15 jours de présence à la station F signé trois contrats pour une valeur totale de 500K€ soit un taux de ROI de 5 000 % !!! Coté entreprises, je peux citer Apple, Microsoft, Facebook, Ventes privées, Airbnb, mais aussi des incubateurs, HEC, un incubateur Chinois, l’incubateur Outre-Mer. Elles ont monté des partenariats avec la Station F et nous offrent des « perks », des avantages, comme des crédits, des accès à des services ou du matériel à des prix préférentiels. Ces avantages permettent aux start-ups de fonctionner en minimisant leurs coûts et de conserver une trésorerie idéale durant leur phase de démarrage et assurer ainsi  les meilleures chances de succès. Les incubateurs et des mentors accompagnent les start-ups durant des événements quotidiens qui leur permettent de s’améliorer continuellement. Personnellement, depuis que j’ai intégré la Station, j’ai rencontré le CTO de Blablacar, le CTO de Wetransfer, des fonds à la fois Français et Américains qui partagent des astuces pour faciliter des levées de fonds qu’elles soient en seed, série A, voire série B.

Les échanges entre startups sont très faciles et nous permettent aussi d’accélérer et de bénéficier de l’expertise mondiale des personnes présentes.

En savoir plus sur les levées de fonds
http://obs-commedia.com/actu/start-up-explication-sur-les-levees-de-fonds/

Crédits Patrick Tourneboeuf
Crédits Patrick Tourneboeuf

Un lieu où le maître mot est « entraide »

Un autre point fort des concepteurs de la Station F est d’avoir su mélanger des start-ups aux niveaux de maturité différents qui ne soient pas forcement des jeunes pousses. Tout le monde partage un espace ouvert, propice aux rencontres. On a évidemment des entrepreneurs qui viennent de créer leur entreprise mais aussi des entreprises qui ont plusieurs années d’existence et ont déjà levé plusieurs millions. Le modus operandi de la Station F consiste à privilégier la collaboration entre toutes ces entreprises dans un esprit propre aux campus américains où l’ambition est poussée sans tenir compte des limites.

La Terre ne suffit pas, on vise l’univers entier !

D’un point de vue culturel, les français contrairement aux américains ont du mal à se vendre et à porter un message fort au service de leurs ambitions. La Station F veut qu’il y ait une reconnaissance mondiale des start-ups qu’elle accueille et Xavier Niel s’y montre tous les jours malgré un emploi du temps très chargé. Il vient avec des politiques, des journalistes, et de nombreux invités ou personnalités.  Il échange facilement avec les start-up démontrant son implication totale dans son projet.

Certes, certaines infrastructures sont encore en phase de rodage et c’est bien normal après seulement 2 semaines, mais les outils sur l’intranet tels que HAL, ou évidemment Slack sont totalement opérationnels. Ils font déjà partie de notre ADN… Remarquable de penser que la Station F est déjà fonctionnel et prêt pour ses startups. Déjà les procédures de sécurité sont opérationnelles et sont intégrées dans le processus d’accueil comme l’explique cette vidéo.

L’Observatoire COM MEDIA et la Station F, des ambitions partagées

En tant qu’adhérent à L’Observatoire COM MEDIA, je vois plusieurs synergies possibles entre l’association et la Station F. Déjà, les deux entités partagent la même volonté d’aider les start-ups dans leur développement business au moyen notamment de mises en relation avec des donneurs d’ordres. Il me semble évident qu’il y a des ponts permettant à des start-ups adhérentes à l’Observatoire COM MEDIA de rejoindre la Station F mais l’inverse est vrai également. Les Réveils et Chemins de l’innovation ou des séances de pitch à la Station F sont autant d’occasion de booster des équipes ambitieuses et déterminées.

Au final, en ayant pu rejoindre la Station F et en moins d’un mois, nous avons développé notre business et gagné en notoriété et visibilité auprès des journalistes, des business angels et des fonds d’investissement. La qualité des échanges avec le staff de la Station F et les startups qui nous entourent me sidère tous les jours. Un résultat qui dépasse mes espérances déjà grandes ! Un grand merci donc à Xavier Niel et ses équipes. Quelle chance pour la France ! Quelle chance pour nous d’avoir un tel tremplin pour notre expansion internationale ! Nous sommes pressés de pouvoir contribuer à cet écosystème…

Site de la Station F : https://stationf.co/fr/

1)     La solution Wall of Music disponible sur iOS et prochainement Android (Interface visuelle innovante brevetée, agrégateur de musiques, recommandations contextuelles et géo localisées, places de concerts, paroles synchronisées…)
Vidéo Wall of Music: https://youtu.be/uJECdRXN0AY

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.