Aider les entreprises à s’investir dans leur recrutement avec #1000emplois1000entreprises

Regard croisé de Germain Ageorges, Chargé de Mission Numérique à Pôle emploi Paris et Alexandre Durain, président de So-Buzz, entreprise participante au programme et en cours de recrutement.

Quelles sont les raisons du partenariat entre Pôle emploi et l’Observatoire COM MEDIA ?

Germain AgeorgesLa collaboration entre l’Observatoire COM MEDIA et Pôle emploi est née de notre volonté de mieux comprendre les évolutions des métiers et des secteurs de la filière de la communication qui constituent la première poche de demandeurs d’emploi en Île-de-France avec près de 60 000 inscrits alors que les employeurs de la filière expriment de nombreuses difficultés de recrutement.

Après avoir objectivé par nos analyses croisées les vives tensions à l’œuvre sur le marché du travail, nous avons souhaité y apporter des solutions opérationnelles afin de soutenir la croissance et le dynamisme de la filière et de favoriser le retour à l’emploi des nombreux talents en recherche d’opportunités.

Nous avons ainsi commencé par organiser des « villages numériques », évènements innovants mixant jobdating et conférences métiers, et capitalisant sur leur succès, construit ensuite une opération expérimentale plus ambitieuse, 1000emplois/1000entreprises, lancée en Juillet dernier.

Alexandre durainAlexandre Durain, Fondateur de So-Buzz : Le dispositif 1000emplois/1000entreprises est une véritable opportunité pour ma part. Le recrutement étant le nerf de la guerre pour le développement de So-Buzz, et l’intégration étant la clé du succès, ce dispositif apporte une double solution avec d’une part Pôle emploi qui se charge du sourcing et d’autre part les 4 mois de formation qui permettent de faire entrer des profils atypiques et motivés pour acquérir les compétences qui leur manquent.

O.C-M. Pourquoi les entreprises rencontrent-elles des difficultés pour  recruter ?

G.A. : L’explication la plus communément avancée par les entrepreneurs est celle d’une pénurie de compétences. Si cette réalité est incontestable, notamment dans un contexte de profondes mutations des métiers, elle est largement incomplète.

Tout d’abord, si l’on ne sait pas ce que l’on recherche, il y a peu de chance de trouver ! Or, nous constatons plus que jamais une grande difficulté des entrepreneurs à définir leurs besoins, c’est à dire à objectiver les missions à remplir, les compétences indispensables pour les exercer et, donc, le profil de leurs futurs collaborateurs.

De surcroît, voulant se rassurer, pressés par l’urgence et recherchant une opérationnalité immédiate, les employeurs vont naturellement, et tout en s’en défendant, avoir tendance à recruter des « clones » de leurs collaborateurs actuels en croisant des critères définissant in fine le portrait robot d’un « mouton à 5 pattes » ou d’un « mouton 3.0 ». Confondant ainsi « corrélation » et « causalité ».

On constate donc un paradoxe évident entre une volonté d’inclusion, d’ouverture aux profils atypiques et des pratiques beaucoup plus traditionnelles, finalement assez restrictives. La place encore accordée aux diplômes est à ce titre tout à fait éloquente.

Or, cette approche est vaine car, évidemment, elle réduit le spectre des candidatures possibles et, ce faisant, conduit à ne même pas considérer des profils pourtant talentueux !

Il est donc nécessaire de changer de paradigme, de s’éloigner d’une conception « mécaniciste » du recrutement (deux pièces qui s’assemblent parfaitement), pour le considérer enfin pour ce qu’il est vraiment : un investissement !!!

Il faut donc commencer par se poser les bonnes questions, davantage réfléchir en termes de compétences et moins de métiers, faire preuve d’audace et se donner les moyens d’accompagner la prise de poste de son futur collaborateur, de le faire monter en compétences tout en lui l’espace nécessaire pour apporter du sang neuf. Et surtout, se projeter, parier de manière bienveillante et confiante sur un potentiel plus que sur un existant !

A.D. : Nous avons connu beaucoup d’échecs ces 16 derniers mois dans notre recrutement, mais nous avons appris de nos erreurs. Nous avions établi un plan d’intégration sur 4 mois qui n’attendait plus qu’à être mis en œuvre.

Chaque semaine, nous procédons à un débriefing avec les collègues en contact avec la nouvelle recrue afin d’identifier ses forces et les points d’améliorations à creuser.

Ensuite, les objectifs de la semaine suivante sont définis pour faire progresser notre nouvelle recrue sur ces points d’amélioration.

Chaque lundi matin en 30 minutes, nous organisons une réunion « Debrief / Brief » avec la personne en formation afin qu’elle puisse nous exposer ce qu’elle a vécu la semaine précédente. Nous lui communiquons les points forts qui lui ont été trouvés et les points d’amélioration sur lesquels elle doit travailler.

A l’issue de chaque mois un Go / NoGo est donné en fonction des résultats et des progrès constatés.

Nous espérons ainsi que les futures recrues pourront monter en compétence et s’intégrer à l’entreprise en moins de 4 mois afin de rentabiliser immédiatement leur intégration dans l’entreprise.

O.C-M. : Quelles sont les particularités du programme 1000emplois/1000 entreprises ?

G.A. : 1000emplois/1000entreprises est une opération volontariste, inédite dans son ampleur et ses ambitions reposant sur le triptyque suivant : analyse des besoins, formation en situation de travail et intégration en poste.

Concrètement, nous proposons aux entreprises bénéficiant du dispositif un service personnalisé de sourcing et de pré-sélection ainsi qu’un cadre idéal de 4 mois leur permettant, en amont du recrutement, de former leurs futurs collaborateurs au plus près de leurs besoins, d’accompagner leur prise de poste.  L’objectif est à la fois de permettre aux entreprises de recruter des compétences pleinement opérationnelles, investies, tout en leur offrant la possibilité de prendre des risques, de parier sur l’avenir dans la logique d’investissement dont nous parlions précédemment.

Pôle Emploi Paris s’est engagé résolument dans cette perspective en constituant une équipe de conseillers dédiée à l’opération et en construisant progressivement un écosystème partenarial complet destiné à proposer aux entreprises une gamme élargie et intégrée de services notamment en termes de formation.

A.D. : Nous avons rencontré Pôle Emploi fin août pour affiner notre recherche et présenter l’entreprise. Puis, avec le conseiller qui nous était dédié, nous avons affiné par email et par téléphone nos besoins autour des premiers profils sourcés.

Ces échanges nous ont permis de sélectionner plusieurs candidats que nous avons reçus en entretien et notre choix s’est porté sur l’un d’entre eux qui intègre nos équipes fin septembre.

1000emplois/1000entreprises est avant tout un dispositif collaboratif qui nécessite l’implication de toutes les parties pour réussir. Nous n’affirmons pas aux employeurs qu’il leur suffira de cliquer sur un bouton pour voir arriver immédiatement le candidat de leurs rêves. Ils auront à changer tout d’abord leur vision du recrutement et accepter l’idée que leurs futurs collaborateurs devront bénéficier en interne d’un programme d’intégration et d’une formation complémentaire avant d’être totalement opérationnels car avec l’évolution accélérée des métiers, le recrutement réussi sera celui qui aura permis à une entreprise et un candidat de se retrouver avant tout sur un socle de valeurs et une base de compétences qui poseront les fondations d’une collaboration heureuse, créatrice de valeur et inscrite dans la durée.

Découvrir et bénéficier du programme 1000emplois/1000entreprises : http://1000emplois-1000entreprises.com/beneficier-du-programme/

About the Author

L’Observatoire COM MEDIA regroupe, depuis 2008, près de 300 acteurs de la filière de la communication (annonceurs, prestataires et institutionnels). L’association a matérialisé son positionnement autour des enjeux de la nouvelle économie de la communication. Les travaux réalisés portent sur le décloisonnement des métiers/secteurs, sur la structuration de la filière (constituée de 41 000 entreprises réparties en 19 secteurs d’activité) et sur l’accélération du business des entreprises par leur mise en relation entre les acteurs à travers des événements, des groupes de travail et des plateformes numériques.

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